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Attaques et destruction des racines palestiniennes

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Le triple assaut israélien contre l’agriculture (UAWC), l’université et l’UNRWA vise à saper les piliers de la société palestinienne

Au cours des dernières semaines, l'armée d'occupation israélienne a lancé une offensive contre les structures vitales de la société palestinienne. Loin de se limiter à des objectifs militaires, cette campagne s'attaque de manière systématique et coordonnée à trois piliers fondamentaux : l'agriculture, en détruisant ses bases matérielles, son organisation et l'aide apportée aux agriculteurs ; l'éducation, en assiégeant ses universités ; et la survie humanitaire, en étouffant l'aide internationale apportée aux réfugiés. Il s'agit d'une stratégie délibérée visant à miner les fondements mêmes de l’existence palestinienne.

Le 1er décembre, des forces israéliennes ont fait irruption dans les bureaux de l’Union des comités de travail agricole (UAWC) à Ramallah et Hébron, en Cisjordanie. Au cours de l’incursion, elles ont détruit des équipements, confisqué des documents et des ordinateurs et arrêté huit membres du personnel. Selon le HCDH (Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme), ceux-ci ont été menottés, bandés des yeux, et forcés à rester au sol pendant des heures. L’attaque s’est produite pendant la récolte des olives la plus violente jamais enregistrée, avec 167 attaques de colons et au moins 81 agressions contre des défenseurs des droits humains accompagnant les agriculteurs.

L’UAWC est une organisation civile palestinienne fondée en 1986 et légalement reconnue. Elle soutient depuis des décennies les agriculteurs face à la violence des colons et aux déplacements forcés, en défendant leurs droits et en renforçant leur résilience rurale. En 2021, Israël a arbitrairement, et sans présenter de preuves, désigné l’organisation comme « terroriste » dans une tentative de criminaliser la société civile palestinienne et d’entraver son travail humanitaire.

Cet assaut du 1er décembre est le point le plus récent d’une stratégie systématique israélienne visant à détruire la base matérielle de la résistance palestinienne. Cinq mois plus tôt, le 31 juillet, des forces militaires israéliennes avaient fait irruption avec des excavatrices dans l’unité de multiplication de semences de la Banque de semences de l’UAWC à Hébron. Elles ont détruit des infrastructures, des équipements essentiels et des centaines de variétés de semences autochtones (connues sous le nom de baladi), dont beaucoup étaient uniques et perfectionnées pendant des siècles par les agriculteurs palestiniens. Cette attaque, condamnée mondialement comme un acte d’écocide – c’est-à-dire la destruction délibérée de l’environnement naturel pour rendre un territoire inhabitable – et d’effacement culturel, visait à rompre les liens générationnels entre la paysannerie et sa terre et à saper la souveraineté alimentaire.

Ces deux attaques coordonnées – contre la banque de semences en juillet et contre les bureaux centraux en décembre – s’inscrivent dans une stratégie qui inclut l’arrachage de plus de 52 300 oliviers en Cisjordanie depuis octobre 2023. Il s’agit d’une offensive stratégique contre les piliers de la résilience agricole et de l’identité culturelle palestinienne.

Si l’attaque contre l’agriculture cherche à contrôler la terre et à détruire le présent, l’offensive contre les universités vise à confisquer l’avenir. Dans la nuit du 9 décembre, un vaste déploiement militaire israélien a fait irruption à l’Université de Birzeit, en Cisjordanie occupée. Les soldats ont menotté les agents de sécurité, perquisitionné des bâtiments, causé des dégâts considérables et confisqué les téléphones portables du personnel. Quelques heures plus tard, les troupes israéliennes ont répliqué la même opération à l’Université Al-Quds, à Abu Dis. Le Conseil de l’Université de Birzeit a condamné ces faits comme une « violation flagrante des normes internationales » et relevant de « politiques coloniales systématiques » contre l’éducation palestinienne.

Depuis 2002, Birzeit a subi 25 descentes, et le nombre d’étudiants arrêtés sur place dépasse les 150. La stratégie est claire : à Gaza, la plupart des universités ont été détruites par les bombardements, et en Cisjordanie, un harcèlement méthodique est exécuté pour affaiblir l’infrastructure académique nationale et rogner le droit fondamental à l’éducation.

En plus de s’attaquer au présent et au futur, Israël tente également de détruire le réseau de survie immédiate. C’est pourquoi l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) est devenue le troisième pilier de cet assaut systématique. Dans la nuit du 8 décembre, des forces israéliennes, accompagnées de fonctionnaires municipaux, ont fait irruption violente dans le complexe vide de l’UNRWA à Jérusalem-Est occupée. Elles ont encerclé les installations, coupé les communications, confisqué des meubles et des équipements informatiques, et remplacé le drapeau bleu de l’ONU par un drapeau israélien. Le commissaire général de l’agence, Philippe Lazzarini, a dénoncé cet acte comme un « mépris flagrant » des obligations d’Israël en tant qu’État membre, soulignant « l’inviolabilité » conférée par les privilèges et immunités de l’ONU.

Cette perquisition, condamnée par le Secrétaire général António Guterres, n’est que le point culminant d’une campagne de harcèlement soutenu incluant des attaques incendiaires, des campagnes de désinformation et l’adoption, en octobre, par le parlement israélien, d’une « législation anti-UNRWA » conçue pour expulser légalement l’agence des territoires sous contrôle israélien. Cette loi interdit les activités de l’Agence sur tout le territoire israélien, y compris en Jérusalem-Est occupée, ce qui a entraîné son évacuation il y a quelques mois. L’offensive cherche délibérément à paralyser l’institution qui fournit des services essentiels de santé, d’éducation et d’assistance à quelque six millions de réfugiés palestiniens.

Cette attaque contre l’UNRWA survient à peine trois jours après que l’Assemblée générale de l’ONU a renouvelé le mandat de l’agence pour trois ans supplémentaires avec le soutien massif de 151 États, une démonstration du soutien international à l’agence et un rejet clair de la stratégie israélienne.

Cette triple attaque, s’ajoutant au génocide et à l’écocide perpétrés par Israël à Gaza, vise à amputer les piliers qui soutiennent l’identité, les connaissances et la survie quotidienne du peuple palestinien et confirme la stratégie israélienne consistant à s’attaquer aux racines palestiniennes pour tenter de le priver d’avenir.

 

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