octobre 25, 2025

Tirer sur tous ceux qui traversent : les blocs jaunes qui délimitent la nouvelle frontière militaire transforment le retour chez eux des personnes déplacées en une condamnation à mort face à l'inaction internationale.
L'armée israélienne a imposé une nouvelle frontière militaire interne dans la bande de Gaza, connue sous le nom de « Ligne Jaune ». Cette délimitation, qui s'inscrit dans le plan de cessez-le-feu proposé par le président américain Donald Trump, est entrée en vigueur à la suite de son annonce du 8 octobre. Bien qu'Israël n'ait pas rendu public son tracé exact, la ligne confisque 58% du territoire gazoui, maintenant sous son contrôle une grande partie des villes de Gaza, Khan Younis et Rafah, ainsi que tous les points de passage frontaliers.
Ce confinement n'est que la première phase d'un plan de retrait échelonné. La deuxième phase prévoit une « Ligne Rouge » – avec une Force Internationale de Stabilisation – et une troisième phase où les troupes israéliennes se replieraient vers une « zone de sécurité ». Mais, même après ce retrait en phases, les Palestiniens resteront confinés dans un territoire plus réduit qu'avant la guerre, perpétuant le contrôle israélien sur la population gazouie.
La Ligne Jaune fonctionne comme un cordon de séparation militaire interne. Le ministre israélien de la Défense, Israel Katz, a clairement défini l'objectif de cette limite en avertissant que toute tentative de franchissement de la ligne « recevra une réponse par le feu », sans distinction entre civils et combattants. Israël a matérialisé cette frontière par des blocs de ciment jaunes qui, selon les vérifications de la BBC, sont souvent installés plusieurs centaines de mètres au-delà de la zone convenue, élargissant ainsi la zone d'exclusion.
L'impact humanitaire est catastrophique : la ligne empêche des centaines de milliers de déplacés de regagner leurs foyers et transforme en cible quiconque s'en approche. Pour la population gazouie, la Ligne redéfinit la géographie de la survie. Elle signifie également la perte absolue de leurs moyens de subsistance, qui se trouvent de l'autre côté.
Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme a dénoncé les « assassinats de civils » – pour la plupart des déplacés tentant de regagner leur foyer – et le « mépris absolu du droit international humanitaire », sans que cela ne se traduise par une réponse effective. Le 17 octobre, des soldats israéliens ont ouvert le feu sur un véhicule franchissant la ligne, tuant 11 civils, dont des femmes et des enfants.
Ce confinement massif est le dernier chapitre d'une invasion que subit Gaza depuis 2007. La Ligne Jaune fait partie d'une stratégie de nettoyage territorial qui, avec la complicité silencieuse de la communauté internationale et l'aval du plan Trump, intensifie le déplacement de la population gazouie. Loin d'être un chemin vers la paix, elle dessine une nouvelle carte de la ségrégation, où les droits fondamentaux des Palestiniens dépendent d'un occupant qui agit en toute impunité.
Source image: Al Jazeera